Eine stärkere deutsch-französische Integration für ein stärkeres Europa

Anne-Marie Descôtes, ambassadrice de France à Berlin s'adresse aux participants du Congrèes
Anne-Marie Descôtes, ambassadrice de France à Berlin s’adresse aux participants du Congrès. Crédit : Villafrance.

Le 5e Congrès des filiales françaises implantées en Allemagne, événement organisé par Villafrance, a rassemblé plus de 100 décideurs le 27 septembre à Cologne. Leur message : plus d’intégration franco-allemande pour une Europe plus forte. Face aux attaques ciblées du président américain contre les institutions régissant le commerce mondial, Paris et Berlin défendent la même position : « l’Europe doit apporter une réponse ferme. Il n’y a pas d’alternative au multilatéralisme. Il faut que l’Europe parle d’une voix forte et crédible face à la Chine et les Etats-Unis. Le moteur franco-allemand est indispensable pour apporter des réponses sur les grands sujets économiques, sociaux et culturels » a insisté Anne-Marie Descôtes, Ambassadrice de France à Berlin.

« Europa muss mit einer starken Stimme sprechen »

« L’affirmation des grands émergents sur la scène internationale, la crise du multilatéralisme, l’extraterritorialité du droit américain qui créée une asymétrie par rapport aux sociétés américaines : ces réalités pour les entreprises appellent une action franco-allemande commune forte » selon Matthias Fekl, ancien Secrétaire d’état au commerce extérieur et Ministre de l’intérieur sous la présidence de François Hollande. Et ce dernier de plaider pour davantage d’intégration. « Il faut parfois des instances communes et nous défaire de nos attributions de souveraineté, avoir des budgets communs de manière à mettre en place des projets totalement intégrés ». Des propositions qui font directement écho à celle du nouveau président du “Perchoir”, Richard Ferrand de créer une assemblée parlementaire franco-allemande « Nous sommes arrivés à un niveau de coopération sur les sujets stratégiques, qui n’avait jamais été atteint auparavant » souligne l’Ambassadrice qui rappelle la volonté des deux états « de finaliser un nouveau Traité de l’Elysée » pour répondre « aux nouveaux défis actuels ». Si les coopérations institutionnelles et les discours d’intention se multiplient ces derniers temps entre Paris et Berlin, le terrain renvoie à une autre réalité. Alors que la coopération franco-allemande en matière de défense (avion de combat, char…) est souvent présentée comme exemplaire, David Colliquet, ancien dirigeant du programme européen TIGRE, relativise en soulignant « la dépendance technologique européenne » et en précisant que « seulement 20% de nos projets européens sont de vrais projets communs ». Quant à l’industrie bancaire européenne, là aussi d’énormes progrès restent à faire. « Les banques françaises ne réalisent que 3% de leurs revenus en Allemagne et les banques allemandes seulement 1% en France » rappelle Philippe Oddo, CEO du groupe financier franco-allemand Oddo-BHF.

 

Sur le volet économique, les réformes qui se mettent en place en France (marché du travail, fiscalité, formation professionnelle, assurance chômage et retraite, Loi Pacte) renforcent l’attractivité de l’Hexagone auprès des décideurs allemands, dont les investissements ont bondi de + 22% en 2017 (l’Allemagne est le second investisseur en France en création d’emplois). Même si la France n’est plus que le 4ème partenaire commercial de l’Allemagne (derrière les Etats-Unis, la Chine et les Pays-Bas), les échanges commerciaux bilatéraux demeurent extrêmement denses : 154 Mds d’euros en 2017. Et des entreprises des deux pays investissent régulièrement chez le voisin à l’instar du concepteur de systèmes de contrôle d’accès à distance Intratone (Cogelec) qui vient de créer sa filiale à Düsseldorf ou de Generations Robot qui a ouvert une filiale à Berlin en février dernier et dont le robot Pepper était l’attraction du Congrès. A l’inverse, l’éditeur allemand SAP va investir 2 Mds € en France ces cinq prochaines années. « Nous venons d’assister à une première mondiale, le train à hydrogène du français Alstom, qui va être repris par Siemens, a été mis en service en Allemagne, signe que la coopération franco-allemande fonctionne » conclut Dominique Cherpin, organisateur du Congrès.

« Nur 20% unserer europäischen Projekte sind letztendlich echte gemeinsame Projekte ».

 

Par Sylvain Etaix, à Cologne.