«Soit nous faisons cavalier seul, en laissant certains pays, régions et peuples au bord du chemin et en acceptant une Union divisée entre les riches et les pauvres, soit nous parcourons ce chemin ensemble…Pour moi le choix est simple ». La présidente de la Commission européenne a tranché. Ursula von der Leyen a annoncé le 27 mai un plan de relance exceptionnel, global, de 2390 Mds d’euros. « C’est l’heure de l’Europe » a-t-elle affirmé devant les eurodéputés, après avoir rappelé les grandes heures de la construction européenne. Appelé « Next Generation EU», le plan de relance proposé de 750 milliards d’euros s’ajoutera à un budget européen à long terme révisé de 1 100 milliards d’euros. Il s’ajoute au package de 540 milliards d’euros de prêts déjà approuvés par le Parlement et le Conseil.
Gemeinsame Verschuldung
Très attendu, l’arbitrage d’Ursula von der Leyen va clairement dans le sens de l’initiative franco-allemande de l’émission d’une dette commune européenne de 500 Mds, présentée le 18 mai par Angela Merkel et Emmanuel Macron. Le principe de l’union de transfert semble être entériné. Sur les 750 Mds qui seront empruntés sur les marchés (sur 3 ans avec la garantie des États membres), 500 Mds seront redistribués sous forme de subventions via le budget européen, 250 Mds sous forme de prêts aux pays membres à compter de janvier 2021 (d’après les premières estimations annoncées dans la presse internationale, l’Italie et l’Espagne, avec respectivement 173 Mds et 140 Mds d’euros seraient les deux premiers bénéficiaires. La France obtiendrait près de 39 Mds). Les pays dits “frugaux“ (Autriche, Pays-Bas, Suède et Danemark) qui s’opposaient aux subventions, obtiennent toutefois une concession : une partie des financements accordés aux pays membres seraient soumis à l’approbation des 27, lesquels exigeraient en contrepartie la mise en oeuvre de réformes structurelles dans les pays bénéficiaires. Ainsi, Bruxelles devrait pouvoir s’assurer que les politiques nationales poursuivent bel et bien les objectifs de transition écologique (green deal) et numérique fixés par l’UE. Le débat sur les réformes exigées promet donc de véritables bras de fer. Aucun pays, Italie et Espagne en tête, ne souhaite être placé sous tutelle bruxelloise…
Politischer Kampf um Gegenleistungen
« Tout en menant ces actions, nous devons également avancer rapidement vers un avenir vert, numérique et résilient. Il s’agit de l’avenir de la prochaine génération européenne », a rappelé la présidente allemande. Quant aux remboursements de cet emprunt massif, « il sera imputé sur les futurs budgets de l’UE », a expliqué la présidente de la Commission, laquelle proposera de nouvelles sources de recettes propres. Parmi les pistes avancées : l’extension prévue du système d’échange de quotas d’émission, la taxe carbone aux frontières de l’UE ou encore une nouvelle taxe sur les services numériques. Reste que ce plan et cet emprunt inédit dans l’histoire de l’Union européenne de 750 Mds d’euros doit obtenir l’accord des 27, ce qui ne sera pas une mince affaire. Angela Merkel a déjà averti lors d’une conférence de presse à Berlin que « les négociations, qui sont difficiles, ne seront pas conclues lors du prochain Conseil de l’UE » en juin. La Chancelière espère un accord à l’automne. De son côté, l’Elysée espère un accord « début juillet ». Emmanuel Macron a souligné dans un tweet « un plan de relance inédit pour les régions et secteurs en difficulté…l’accord franco-allemand a permis cette avancée », s’est-il félicité.
«Entweder gehen wir alle unseren eigenen Weg, lassen dadurch Menschen, Regionen und ganze Länder zurück und akzeptieren eine geteilte Union von Reich und Arm; oder wir beschreiten den Weg gemeinsam….Für mich gibt es hier keinen Zweifel.»
Ursula von der Leyen