Rhin Supérieur, région-pilote de l’Europe ou « lanterne rouge » de l’idée européenne ?

Pour la franco-allemande Norma Serpin, la réouverture tardive des frontières le 15 juin est une anomalie pour une région qui se veut pilote de la coopération transfrontalière.

Norma SERPIN, Directrice de France Régie GmbH Agence media franco-allemande

Dernièrement cité dans Le Monde* un éminent juriste du début du 20ème siècle, Nicolas Politis constatait que « l’individu voyait le monde comme un prisonnier derrière les barreaux de l’Etat ». C’était il y a plus d’un siècle avant que 2 guerres mondiales dévastatrices n’aient pulvérisé l’idée même d’humanité. Nous venons de fêter le 9 mai les 70 ans de la déclaration Schuman, première pierre posée pour inscrire l’Europe dans une communauté de destin. Depuis lors, de nombreux traités ont inscrit dans le marbre cette volonté commune soutenue par les peuples d’Europe. L’une des dernières initiatives politiques, le Traité d’Aix-la Chapelle visant à renforcer les liens et actions de coopération du couple franco-allemand, a permis un nouveau saut qualitatif donnant encore plus de possibilité d’initiatives et d’expérimentations aux régions frontalières.

Le monde depuis le 16 mars

Et il y eut le 11 mars 2020 date à laquelle le Robert Koch Institut (l’équivalent allemand de l’Institut Pasteur) a déclaré le Grand Est comme zone rouge intense (de même niveau que la Chine et l’Italie ou encore l’Iran) et a figé instantanément les flux transfrontaliers, en conduisant à la fermeture totale, le 16 mars, de la frontière entre la France et l’Allemagne, et à la suppression concomitante de nombreux points de passage le long du Rhin. Seuls les travailleurs frontaliers pouvant passer la frontière avec un « pass » spécial rigoureusement contrôlé. Pendant ce temps, les frontières sont bien restées ouvertes entre la Basse Saxe et les Pays-Bas, entre la Rhénanie-Westphalie et la Belgique (pays qui compte pourtant le nombre le plus élevé d’infections  ramené au nombre d’habitants). Qu’ont bien pu dire le Ministre- Président Armin Laschet (CDU) et Stefan Weil (SPD) pour passer outre les directives du Ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer ? Ou plutôt que n’ont pas fait ou dit le Ministre-Président du Bade Wurtemberg, Winfried Kretschmann (Vert) et son Ministre de l’intérieur Thomas Strobl (CDU) pour ne pas prioritairement plaider pour une réouverture de la frontière entre l’Alsace et le Pays de Bade dès le 16 mai, malgré les demandes pressantes d’un parterre impressionnant de maires, de députés de tous partis, des grands décideurs du monde économique  (IHK) des 2 côtés du Rhin, soutenus par des actions citoyennes comme celle du 9 mai « Weg mit den Grenzen » de Peter Cleiss et de son pendant « Unir L’Europe » de Jacques Schmitt ? Pourquoi la Région Trinationale du Rhin Supérieur ne fait-elle pas partie des pays comme le Luxembourg dont la frontière a pu rouvrir dès le 16 mai ? Ou le Danemark avec qui l’Allemagne est disposée à rouvrir au plus tôt ?..

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